Cas d’intoxication aiguës en lien avec la consommation de cannabis adultéré

L’ARS Normandie alerte sur des cas d’intoxications aiguës en lien avec la consommation de cannabis adultéré par des cannabinoïdes de synthèse

Actualités

Des cas d’effets non recherchés, intenses et inhabituels, parfois graves, ont été rapportés chez des consommateurs réguliers ou non de cannabis herbe et résine adultéré à leur insu, par des cannabinoïdes de synthèse, en particulier le MDMB-4en-PINACA.

Les effets indésirables peuvent aussi parfois être modérés, ressemblant à un malaise vagal ou à la consommation d’un produit trop dosé pour une personne sans tolérance.

La Direction Générale de la Santé appelle à la vigilance des acteurs de santé et des usagers de cannabis et rappelle les dispositifs existants pour identifier la survenue de tels évènements chez des usagers.

 

  1. ETAT DES LIEUX

    Depuis septembre 2020, plusieurs cas d’intoxications aiguës ont été rapportés concernant des usagers de cannabis ayant consommé involontairement des cannabinoïdes de synthèse (CS). Ces produits ajoutés à l’herbe ou à la résine de cannabis ne modifient pas leur apparence. C’est la survenue d’effets inhabituels et intenses chez des usagers de cannabis, réguliers ou non, qui a conduit à analyser des échantillons de produits collectés via le dispositif SINTES (Système d’identification national des toxiques et substances) de l’OFDT (voir annexe jointe – « Cannabis, Cannabidiol, cannabinoïdes de synthèse : points clefs »).

    Ainsi, la circulation d’herbe et de résine de cannabis adultérées avec des cannabinoïdes de synthèse a été confirmée sur le territoire dans au moins 8 régions, en particulier dans les régions du sud de la métropole et des collectivités d’Outre-Mer. Les modes d’approvisionnement déclarés par les usagers sont variés : revente de rue, livraison à domicile, web de surface et darkweb.

    Au 31 mai 2021, de 60 à 90 cas ont été rapportés aux autorités où la présence d’un cannabinoïde de synthèse en particulier, le MDMB-4en-PINACA, a pu être mis en évidence.  Il s’agit de situations allant de l’expérience d’effets inhabituels à des effets sanitaires aigus (dont un cas de décès indirect d’un consommateur régulier de cannabis).

    En Europe, le MDMB-4en-PINACA a été détecté dès 2018 et sa présence est signalée en hausse depuis 2019. A ce jour, 12 décès liés à la consommation de MDMB-4en-PINACA ont été confirmés à l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) en Hongrie, Royaume-Uni, Suède. Le MDMB-4en-PINACA est classé stupéfiant au niveau mondial.

  2. MESURES A PRENDRE DEVANT DES REACTIONS ATYPIQUES LORS DE LA CONSOMMATION DE CANNABIS

    1. Demander une recherche toxicologique devant un cas discordant de consommation supposée de cannabis et d’effets inhabituels, que ce soit sur des échantillons biologiques ou de produits.

      Une discordance entre un tableau clinique évoquant la présence de cannabinoïdes de synthèse chez des consommateurs de cannabis et un dépistage urinaire négatif ou positif uniquement au THC n’exclut pas la présence associée d’un cannabinoïde de synthèse.

      Échantillons biologiques

       (Laboratoires et établissements de santé)

      Échantillons de produits

       (tous professionnels et personnes consommatrices)

      Conserver les échantillons de produits et les prélèvements biologiques selon les recommandations de la SFTA (Société Française de Toxicologie Analytique) Demander à la personne s’il lui reste du produit.
      Prendre contact avec le CEIP-Addictovigilance et/ou le CAP-TV local (cap49@chu-angers.fr- 02 41 48 21 21) afin de réévaluer la situation et le cas échéant d’envisager une analyse toxicologique par technique spectrométrique, plus sensible et plus spécifique. Prendre contact avec la coordination locale de SINTES.
       

      Consulter le paragraphe Contacts Clés pour connaître les adresses des structures locales permettant de réaliser des analyses.

    2. Informer et orienter les consommateurs

      Les informer sur la circulation potentielle de cannabis adultéré par des CS et les risques de consommation involontaire lors de consommation d’un produit pris à tort comme du cannabis courant ;
      Les informer sur les effets et risques liés à la consommation des CS ;
      S’ils ont consommé et ressenti des effets inhabituels :
      Recommander de conserver le produit pour qu’il soit analysé,
      Contacter le coordinateur régional SINTES qui organisera la collecte et l’analyse du produit en garantissant la confidentialité et l’anonymat de l’usager :
      Orienter vers un professionnel d’addictologie pour une prise en charge spécialisée : ELSA (Equipe de liaison de soin en addictologie), CSAPA (centre de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie), CJC (consultation jeunes consommateurs), CAARUD (centre d’aide et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues), consultation ou service hospitalier d’addictologie ;
      Les inciter à sensibiliser les consommateurs dans leur entourage sur le phénomène.

    3. Signaler les cas au CEIP-addictovigilance et/ou au CAP-TV

      Déclarer le cas clinique au CEIP-A de votre région qui pourra également répondre à vos questions :

      CHRU CAEN-HOPITAL COTE DE NACRE
      Service de Pharmacologie
      CEIP Addictovigilance
      Avenue Côte de Nacre
      14033 CAEN CEDEX 9

      Monsieur le Dr Reynald LE BOISSELIER (responsable)
      Téléphone : 02.31.06.44.60
      Télécopie :  02.31.06.46.73
      E-mail : addictovigilance@chu-caen.fr

      Le signalement est possible également sur la plateforme des signalements : www.signalement-sante.gouv.fr (rubrique produits ou substances ayant un effet psychoactif).

  3. CONSEILS DE REDUCTION DES RISQUES

Les conseils de réduction des risques à relayer auprès des consommateurs sont les suivants :

  • Toute consommation de substances est associée à des risques pour la santé, c’est pourquoi la consommation de drogues n’est pas recommandée ;
  • Si vous décidez de consommer, testez d’abord les effets. Commencez par une dose très faible. Prendre une bouffée puis attendre une vingtaine de minutes pour observer les effets. Si l’effet est inhabituel ou qu’il y a un doute, renoncez à la consommation ;
  • Eviter tous les mélanges, y compris avec l’alcool ou les médicaments. En raison des interactions imprévisibles et mal connues avec ces nouvelles substances, mélanger les produits est plus risqué ;
  • Consommer en présence d’une personne de confiance pouvant aider et alerter les secours en cas de problème ;
  • Si cela est possible, faire analyser le produit avant sa consommation : pour cela vous pouvez vous renseigner auprès du coordinateur SINTES de votre région qui pourra vous orienter, en garantissant votre anonymat ;
  • Espacer les consommations, éviter de consommer plusieurs fois par jour et pas tous les jours, car l’usage répété peut entrainer une dépendance ;
  • Ne pas conduire après avoir consommé.

 

CONTACTS CLES

CEIP-Addictovigilance : Centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-Addictovigilance :

https://ansm.sante.fr/page/liste-des-centres-devaluation-et-dinformation-sur-la-pharmacodependance-addictovigilance-ceip-a

CAP-TV : Centres antipoison et de Toxicovigilance :

http://www.centres-antipoison.net/

SINTES : Système d’identification national des toxiques et des substances de l’OFDT :

https://www.ofdt.fr/sintes/

https://www.ofdt.fr/files/7316/1770/0854/Cartes-sites-SINTES-mars-2021.jpg